Colin Cadier à la Commission spéciale de La Haye

par Colin Cadier, adopted from Brazil to France, President of La Voix des Adoptés
Presentation at Session 1, Day 1: Voices of Adoptees Panel

Mesdames et messieurs les représentants des Etats signataires, les délégués et représentants d’associations, d’autorités nationales ou internationales,

Je salue cette espace d’expression ouvert aux acteurs de la société civile, et notamment nous Personnes Adoptées, concernés directement par le sujet qui nous mobilise aujourd’hui et les jours à venir. Je tiens à remercie particulièrement Lynelle LONG (InterCountry Adoptees Voices) pour avoir invité La Voix des Adoptés à se joindre à sa délégation, et également le Bureau Permanent, en la personne de Laura MARTINEZ avec qui j’ai eu l’occasion d’échanger de nombreuses fois, notamment ces dernières semaines pour nous aider à préparer ce panel.

Je m’appelle Colin CADIER, je suis né en 1980 à Recife (Brésil), adopté à 15 jours par un couple Français dits “expatriés”, je réside aujourd’hui à Marseille (France) où je travaille dans l’administration territoriale en lien avec l’international… Je suis binational (franco-brésilien), tricullturel (franco-sudamericain) et quadrilingue (si je me permets de compter l’anglais). 

Depuis 2019, je suis le Président de La Voix Des Adoptés, une association de droit français, existante depuis 2005 qui agit sur tout le territoire (avec des antennes à Paris, Lille, Lyon, Tour, Marseille) en lien avec de nombreux pays (Brésil, Colombie, Guatemala, Roumanie, Vietnam, Bulgarie ) qui participe aux réunions collégiales d’un organe consultatif traitant particulièrement des sujets liés à l’adoption internationale (aux côtés d’autres associations) et intervient par les témoignages de ses bénévoles auprès d’associations partenaires qui accompagnent notamment les parents/familles candidates à l’adoption. Outre les Groupes de Paroles, et les événements culturels ou conviviaux organisés par la quarantaine de bénévoles investis, nous animons une WebRadio, développons un Jeu pédagogique sur l’adoption et nous travaillons conjointement avec notre Autorité Centrale qui a participé à notre récent séminaire annuel de formation de nos bénévoles, l’Association Racines Coréennes (de 10 ans notre aînée), le SSI France, l’AFA, la Fédération EFA et bien d’autres associations nationales ou locales, en France ou à l’étranger.

Au regard des nombreuses demandes que nous recevons des personnes adoptées faisant des recherches sur leurs origines, force est de constater qu’en l’absence d’un référentiel mondial reconnu par les autorités des Etats concernés, un certain nombre de personnes nées dans certains pays puis recueillies dans des foyers d’un autre pays – au cours des dernières décennies du siècle passé, rencontrent des difficultés à accéder aux informations sur leur famille de naissance, ou sur les circonstances de leur naissance jusqu’à leur arrivée dans leur nouveau foyer… Rédiger et adopter ce nouveau texte en 1994 qui a été ratifié progressivement par un très grand nombre d’Etats soucieux d’établir un cadre structuré sur les conditions spécifiques pour “donner une famille à un enfant” (tout en veillant à respecter le meilleur intérêt de l’enfant), a constitué une avancée majeure. Quant aux modalités d’application dudit texte, chaque Etat signataire en la responsabilité au regard de sa législation et de ses politiques publiques en matière de protection de l’enfance… La diversité des situations socio-politico-économiques des Etats, du rôle des différents acteurs publics ou privés, impliqués, démontrent qu’il demeure encore des points à améliorer.

La convention de La Haye prévoit bien des dispositions concernant les informations détenues par les autorités sur les origines de l’enfant et leur accès avec des conseils appropriés (articles 30 et 31), mais un certain nombre de personnes adoptées devenues adultes recherchent des informations sur leur origine et se heurtent à des fins de non recevoir. Les motifs peuvent être très variés, selon la date, le lieu de naissance et les conditions dans lesquelles la procédure d’adoption s’est déroulée, il existe souvent un écart voire un fossé entre les informations disponibles et celles recherchées par les personnes adoptées dans leur enfance.

C’est pour cette raison que nous, association d’adoptés et EFA (association de parents adoptants/adoptifs), avons adressé un courrier aux trois ministres de tutelle de l’autorité centrale française pour demander la mise en place d’une commission d’experts indépendants dans le but d’éclairer sur des pratiques qui malheureusement laissent AUJOURD’HUI des personnes sans réponses à leurs questionnements. Et pourtant, ces adoptés n’ont d’autre choix que de se tourner vers les autorités compétentes (les autorités centrales et celles intervenant dans la protection de l’enfance) pour tenter d’obtenir des clarifications ou des explications.

Il est vrai que dans le cadre de la récente réforme engagée par le gouvernement français concernant les structures en charge des politiques publiques de protection de l’enfance, notre association a été invitée à prendre part aux instances de gouvernance de la nouvelle entité en cours d’installation. Nous sommes très reconnaissants de cette place qui nous est accordée d’autant plus que nous comptons apporter notre savoir “expérienciel” sur les questions liées à la Recherche des Origines et la mise en place de dispositifs d’accompagnement (administratif, socio-psychologique) ou d’assistance juridique pour les personnes adoptées, et idéalement avec des mécanismes (ou instruments) de coopération avec les autorités compétentes (centrales) des pays dits de naissance.

Nous espérons voir la nouvelle structure se doter des moyens nécessaires pour pouvoir répondre à la demande des personnes adoptées. Il est à noter que de nombreuses personnes adoptées (aujourd’hui adultes, majeures révolues) correspondent à des adoptions qui ont eu lieu avant 1993, comme en témoignent les statistiques (puisque le nombre d’enfants nées et adoptées à l’étranger a diminué de façon progressive mais plutôt significative au fil des années jusqu’à nos jours – passant de plusieurs milliers par an à quelques centaines). Même si pour la plupart des adoptions qui ont eu lieu à partir des années 2000, les données sont disponibles et accessibles, il n’en demeure pas moins un besoin d’accompagnement au moment notamment où la personne adoptées exprime son souhait éventuel de retrouver les membres de sa famille de naissance… Certaines autorités centrales se proposent de faire le nécessaire, d’autres sont démunies ou ne disposent pas des moyens légaux, humains, matériels ou financiers nécessaires… Enfin le paysage des structures privées lucratives ou non lucratives n’en n’est pas moins varié : des personnes peu scrupuleuses ou malveillantes, aux bénévoles dévoués mais pas forcément “préparées” ou outillées pour faire face à des situations humaines complexes voire dramatiques, sans oublier la barrière de la langue… Tout cela nous conduit aujourd’hui à attirer votre attention Mesdames et Messieurs sur cette réalité: Comment orientons nous les personnes adoptées qui sont notamment plus âgées que vos respectifs organismes (créés à partir des années 2000), ou celles qui rencontrent encore, dans certains cas, des difficultés à trouver les informations sur leurs origines ? 
Dialoguer, coopérer et proposer des actions conjointes, constituent un moyen possible et positif pour permettre d’avancer, de répondre aux besoins des personnes adoptées ou des associations qui comptent sur le pouvoir d’intervention des autorités compétentes.

Je Vous remercie pour votre écoute et vous souhaite des échanges riches au cours au cours des prochains jours.

Traduction anglaise

Ladies and gentlemen, representatives of the signatory States, delegates and representatives of associations, national or international authorities,

I welcome this space of expression open to the actors of civil society, and in particular to us Adopted Persons, directly concerned by the subject that mobilizes us today and in the days to come. I would like to thank in particular Lynelle Long (InterCountry Adoptees Voices) for inviting La Voix des Adoptes to join her delegation, and also the Permanent Bureau, in the person of Laura Martinez with whom I have had the opportunity to exchange many times, especially in the last few weeks to help us prepare this panel.

My name is Colin CADIER, I was born in 1980 in Recife (Brazil), adopted at 15 days by a French couple called “expatriates”, I now reside in Marseille (France) where I work in the international territorial administration. I am bi-national (Franco-Brazilian), tri-cultural (Franco-South American) and quad-lingual (if I allow myself to count English).

Since 2019, I am the President of La Voix Des Adoptés, an association under French law, existing since 2005, which acts on the whole territory (with branches in Paris, Lille, Lyon, Tour, Marseille) in connection with many countries (Brazil, Colombia, Guatemala, Romania, Vietnam, Bulgaria ), which participates in the collegial meetings of a consultative body dealing particularly with topics related to international adoption (alongside other associations) and intervenes through the testimonies of its volunteers with partner associations that accompany in particular parents/families applying for adoption. In addition to the discussion groups and the cultural or social events organised by the forty or so volunteers involved, we run a WebRadio, develop an educational game on adoption and work jointly with our Central Authority, which took part in our recent annual training seminar for our volunteers, the Korean Roots Association (10 years older than us), ISS France, AFA, the EFA Federation and many other national or local associations, in France and abroad.

Au vu des nombreuses demandes que nous recevons d'adoptés recherchant leurs origines, force est de constater qu'en l'absence d'un référentiel mondial reconnu par les autorités des Etats concernés, un certain nombre de personnes nées dans certains pays puis accueillies dans des foyers dans un autre pays – au cours des dernières décennies du siècle dernier – rencontrent des difficultés pour accéder aux informations sur leur famille d'origine, ou sur les circonstances de leur naissance jusqu'à leur arrivée dans leur nouveau foyer. L'élaboration et l'adoption de ce nouveau texte en 1994, qui a été progressivement ratifié par un très grand nombre d'Etats soucieux d'établir un cadre structuré sur les conditions particulières de "donner une famille à un enfant" (en veillant à respecter le meilleur l'intérêt de l'enfant), a constitué une avancée majeure. Quant aux modalités d'application dudit texte, chaque Etat signataire est responsable de sa propre législation et de ses politiques publiques en matière de protection de l'enfance. La diversité des situations socio-politiques et économiques des Etats, et du rôle des différents acteurs publics ou privés impliqués, montrent qu'il reste des points à améliorer.
La Convention de La Haye prévoit bien des dispositions concernant les informations détenues par les autorités sur les origines de l'enfant et leur accès avec des conseils appropriés (articles 30 et 31), mais un certain nombre d'adoptés devenus majeurs demandent des informations sur leurs origines et se voient refuser. Les raisons peuvent être très variées, selon la date et le lieu de naissance et les conditions dans lesquelles s'est déroulée la procédure d'adoption, il existe souvent un décalage voire un gouffre entre les informations disponibles et celles recherchées par les personnes adoptées dans leur enfance.

C'est pourquoi nous, l'association des adoptés et EFA (association des parents adoptifs), avons adressé un courrier aux trois ministres en charge de l'autorité centrale française pour demander la mise en place d'une commission d'experts indépendants auprès de la objectif de faire la lumière sur des pratiques qui laissent malheureusement les gens sans réponses à leurs questions. Et pourtant, ces adoptés n'ont d'autre choix que de se tourner vers les autorités compétentes (les autorités centrales et celles impliquées dans la protection de l'enfance) pour tenter d'obtenir des éclaircissements ou des explications.

Il est vrai que dans le cadre de la récente réforme engagée par le gouvernement français concernant les structures en charge des politiques publiques de protection de l'enfance, notre association a été invitée à participer aux instances de gouvernance de la nouvelle entité en cours de constitution . Nous sommes très reconnaissants de cette place qui nous est accordée, d'autant plus que nous entendons apporter nos connaissances « expérientielles » sur les questions liées à la Recherche des Origines et la mise en place de dispositifs d'accompagnement (administratif, socio-psychologique) ou d'assistance juridique. pour les personnes adoptées, et idéalement avec des mécanismes (ou instruments) de coopération avec les autorités (centrales) compétentes des pays dits de naissance.

Nous espérons que la nouvelle structure sera dotée des moyens nécessaires pour pouvoir répondre à la demande des personnes adoptées. Il est à noter que de nombreux adoptés (aujourd'hui majeurs, ayant dépassé l'âge de la majorité) correspondent à des adoptions qui ont eu lieu avant 1993, comme le montrent les statistiques (puisque le nombre d'enfants nés et adoptés à l'étranger a diminué progressivement mais assez significativement au fil des années jusqu'à aujourd'hui – de plusieurs milliers par an à quelques centaines). Même si pour la plupart des adoptions qui ont eu lieu à partir des années 2000, les données sont disponibles et accessibles, un besoin d'accompagnement subsiste, notamment lorsque l'adopté exprime son éventuel souhait de rejoindre les membres de sa sa famille biologique. Certaines autorités centrales proposent de faire le nécessaire, d'autres sont privées ou n'ont pas les moyens juridiques, humains, matériels ou financiers nécessaires. Enfin, le paysage des structures privées à but lucratif ou non n'est pas moins varié : des personnes peu scrupuleuses ou malveillantes, aux bénévoles dévoués mais pas forcément « préparés » ou équipés pour faire face à des situations humaines complexes voire dramatiques, sans oublier la barrière de la langue. Tout cela nous amène aujourd'hui à attirer votre attention Mesdames, Messieurs sur cette réalité : Comment accompagnons-nous les personnes adoptées notablement plus âgées que vos organisations respectives (créées à partir des années 2000), ou celles qui rencontrent encore, dans certains cas, des difficultés à trouver des informations sur leurs origines ?

Le dialogue, la coopération et la proposition d'actions communes sont une voie possible et positive pour avancer, pour répondre aux besoins des personnes adoptées ou des associations qui s'appuient sur le pouvoir d'intervention des autorités compétentes.

Je vous remercie de votre écoute et vous souhaite de riches échanges au cours des prochains jours.

Lisez notre article précédent : Adoptés à la Commission spéciale de La Haye

Réflexions sur la participation au Groupe de travail de La Haye sur les pratiques illicites

J'ai écrit ceci quelques semaines après mon retour de La Haye. J'avais eu le temps de me remettre du décalage horaire et de rassembler mes pensées et impressions après avoir participé au groupe de travail de la HCCH pour la prévention et la lutte contre les pratiques illicites en matière d'adoption internationale.

Cliquez sur ici lire le communiqué officiel.

Je me sens privilégié d'avoir été invité à représenter les adoptés et je reconnais que je ne suis qu'un adopté, et qu'il est impossible de saisir les différentes opinions de chacun sur un sujet aussi émouvant. Je ne représente pas tous les adoptés, mais j'ai fait de mon mieux pour m'assurer que les opinions que je partageais n'étaient pas seulement les miennes individuellement, mais représentaient les années de conversations et de discussions que j'ai eues avec de nombreux adoptés internationaux et dirigeants d'adoptés qui se sont connectés au réseau ICAV depuis ses débuts en 1998.

L'une des plus grandes idées que j'ai eues en participant a été la tâche gigantesque d'essayer de rassembler divers pays et de les amener à « s'entendre et à coopérer » sur un sujet aussi complexe, y compris toutes les nuances qui s'y trouvent. Avant d'y assister, j'avais une idée utopique de ce qui se passe au niveau de La Haye. Assis dans la réalité et écoutant les différents points de vue des représentants des pays, parfois très différents, j'ai réalisé le rôle important que joue le Bureau Permanent l'équipe joue à être le « facilitateur » ! Leur rôle est de rappeler aux pays les cadres sous-jacents (le CNUDE et le Convention de La Haye pour l'adoption internationale), faire des propositions alignées sur ces cadres et veiller à ce que les représentants du gouvernement puissent s'exprimer et être entendus, de manière égale et équitable.

On ne peut nier que la CNUDE et la Convention de La Haye pour l'ACI sont loin d'être des outils parfaits, mais au moins elles créent un forum comme celui-ci - où les pays coopérants se réunissent pour discuter de problèmes majeurs. Il est également devenu clair qu'il existe des différences, d'un pays à l'autre, sur l'interprétation sur la façon de mettre en œuvre le cadre, les ressources disponibles pour le faire et les limites de la législation existante. L'idée qui m'a vraiment frappée était la suivante : comment les adoptés traitent-ils les adoptions illicites en provenance de pays qui n'ont pas signé la Convention de La Haye ? Où est le forum pour ça ? A qui va-t-on pour se faire entendre ? La réponse est qu'il n'y en a pas. Nous devons approcher chaque pays autre que La Haye séparément par l'intermédiaire de leur gouvernement. Il se peut qu'ils n'aient pas de ministère compétent dans ce domaine ou qu'il y ait plusieurs ministères.

Je comprends maintenant que la Convention de La Haye pour l'ICA a évolué avec la CNUDE. Ils ont tous deux été négociés à peu près au même moment par presque les mêmes pays. Ensemble, ils reflètent historiquement le cheminement de la compréhension de l'adoption internationale au niveau du gouvernement. À l'époque, à ses débuts, la Convention de La Haye pour l'ICA était le minimum sur lequel on pouvait s'entendre. Depuis lors et à travers des forums comme le Groupe de travail, les États sont encouragés à accroître leurs garanties là où ils le peuvent. Nous nous retrouvons avec la réalité que ce groupe de travail sur les pratiques illicites est lié par les limitations incluses dans la Convention de La Haye pour l'ICA.

Je pense qu'il est positif de comprendre les différences entre la CNUDE et la Convention de La Haye pour l'ICA, mais de ne pas gaspiller nos énergies à nous battre pour savoir lequel est le meilleur ou le pire. Je suis pragmatique et de mon point de vue, ils ne vont pas disparaître de sitôt. Nous devons vivre avec ce que nous avons. Il n'y a pas d'autre forum international convenu par un gouvernement qui permette de discuter de ces questions spécifiques en matière d'adoption internationale.. Ne serions-nous pas plutôt impliqués dans la discussion de ces choses plutôt que de ne pas être là du tout ? En assistant à cette réunion, il ne dit pas que je tolère les pièges de l'un ou l'autre des cadres, mais dit que je m'engage à mieux comprendre, à établir des relations là où je le peux et à essayer d'influencer de toutes les manières possibles pour améliorer les choses pour mes compagnons adoptés.

Juin 2019 Groupe de travail sur la prévention et la lutte contre les pratiques illicites en matière d'adoption internationale

Les gouvernements varient dans leur expérience de la mise en œuvre de la politique et de la pratique en matière d'adoption internationale. Certains pays ont adhéré très tôt à la Convention de La Haye, d'autres viennent d'y adhérer, d'autres sont encore en cours. Je me demande ce qu'il faudrait pour que la Convention de La Haye de l'ICA puisse « mûrir », c'est-à-dire changer ou être remplacée pour assurer un meilleur suivi et une meilleure mise en œuvre ? Est-il possible? Cela se produit-il dans d'autres conventions ? D'après ce que j'ai compris, cela n'est jamais arrivé auparavant. Tous les pays devraient se mettre d'accord et il faudrait un processus spécial appelé une session diplomatique créée pour négocier une nouvelle convention pour remplacer celle existante. Attendre de la plupart des 101 pays de la Convention dans le climat politique actuel qu'ils acceptent d'affiner davantage la Convention existante est une utopie ! Historiquement, les conventions et traités de cette nature ne changent que lorsque le monde traverse une guerre majeure. Les États parties à la Convention se réunissent tous les 5 ans (c'est ce qu'on appelle une Commission spéciale) pour discuter du fonctionnement pratique de la Convention. Cependant, bien que les États soient encouragés à appliquer les décisions prises lors de ces réunions, celles-ci ne sont pas contraignantes car seul le texte de la Convention est contraignant. Donc je ne dis pas que c'est impossible mais je souligne combien de travail nous avons encore à faire si c'est ce que nous voulons réaliser.

La réalité de la difficulté réelle d'attendre des gouvernements qu'ils s'attaquent au sujet des pratiques illicites en matière d'adoption est devenue limpide au cours de ce voyage. Premièrement, à ce niveau, pour obtenir tous pays signataire de reconnaître que des pratiques illicites existent est une tâche énorme et avec ce groupe de travail, nous sommes déjà à mi-chemin. Ensuite, pour qu'ils se mettent d'accord sur comment répondre, même si ce n'est qu'en théorie et uniquement pour les adoptions à La Haye, est une entreprise colossale. La politique en cause, les législations qui lient, les limitations.. Je comprends pourquoi il faudra du temps pour que le changement se produise et ce n'est jamais « assez rapide » pour les adoptés et les familles qui le vivent ! Mais en même temps, j'ai été encouragé de voir qu'il y avait plus de 20 pays engagés à assister à la réunion et à consacrer du temps, de l'argent, de la réflexion et des efforts au sujet. Dans les pays d'adoption, il nous est facile de dépeindre les gouvernements d'une manière stéréotypée — « désintéressé », « ne voulant pas aider », ou sauter aux conclusions parce que ce n'est pas la réponse que nous voulons/avons besoin d'entendre !

Je crois que nous devons établir davantage de relations avec nos gouvernements là où cela correspond, c'est-à-dire si aucune action en justice n'est intentée contre eux et lorsqu'ils montrent une volonté de vraiment comprendre notre point de vue. Nous pouvons essayer de comprendre les obstacles auxquels ils sont confrontés, être ouverts à comprendre qu'ils peuvent vouloir faire quelque chose contre les pratiques illicites historiques passées en matière d'adoption, mais comprenez que ce n'est pas une tâche simple – la législation et la politique peuvent souvent être leurs barrières. Ils ne sont qu'un bras dans la machine gouvernementale massive de chaque pays. J'espère que les leaders des adoptés du monde entier, si vous ne l'avez pas déjà fait, appelleront vos Autorités centrales – essayez d'établir une relation avec elles et aidez-les à tirer des enseignements de votre expérience vécue sur les défis et les problèmes auxquels vous êtes confrontés.

Je suis ressorti de la réunion avec une dure réalité quant à l'ampleur de la tâche de faire en sorte que les pratiques illicites en matière d'adoption soient traitées et reconnues, en particulier les adoptions historiques antérieures à la CNUDE et à la Convention de La Haye sur l'ICA. Mais je reste positif. De nombreux participants m'ont parlé de tout ce qu'ils ont gagné en entendant le point de vue des adoptés. J'ai communiqué que certains d'entre nous sont prêts à s'impliquer pour les aider à comprendre les nuances de notre point de vue et parler avec les participants m'a rappelé à quel point il est important, non seulement de créer des points communs entre les adoptés, mais entre tous les acteurs qui ont un rôle dans la réalisation du changement.

Message personnel de Lynelle

Pour clarifier, pour ceux qui lisent la désinformation répandue sur moi personnellement et la position de l'ICAV depuis juin de cette année, en ce qui concerne une position sur la CNUDE et la Convention de La Haye sur l'ICA : -

Comme indiqué à l'entité diffusant la désinformation, en tant que fondateur de l'ICAV, j'ai toujours soutenu la CNUDE et sa position en ce qui concerne l'adoption internationale. J'ai essayé d'éduquer ouvertement les adoptés et la communauté adoptée à ce sujet. J'ai continuellement encouragé les gens à comprendre la Convention de La Haye et ses pièges dans l'adoption internationale. J'ai souligné que pour les adoptés internationaux basés aux États-Unis, il est plus difficile de se battre pour ce que représente la CNUDE parce que leur pays d'adoption n'a même pas été signataire et n'est donc pas légalement lié. I CA. Bien sûr, ce serait formidable si les États-Unis devenaient un jour signataires de l'UNCRC et pourquoi ce n'est pas le cas ? Je suis sûr que c'est un autre essai en soi et je ne suis pas un expert en la matière !

Personnellement, je pense que La Haye et la CNUDE ne nous protègent pas, nous adoptés à l'étranger pour des raisons fondamentales :

1. Nous ne sommes jamais contrôlés (protégés) au-delà du délai minimum (parfois spécifié par notre pays de naissance) une fois la transaction d'adoption effectuée. Le rapport post placement est fourni par les parents adoptifs mais aucun suivi n'est jamais fait par l'adopté lui-même à un âge où il peut rendre un vrai témoignage à un âge mûr. L'adoption internationale ne peut être considérée comme une mesure de protection de l'enfant par rapport au placement en famille d'accueil, à la prise en charge permanente ou à toute autre forme de prise en charge alternative où l'enfant est toujours sous le contrôle et la prise en charge de l'État. Aucun pays d'accueil ne recueille même des statistiques sur le résultat de nos adoptions.

2. Nous n'avons AUCUN droit - légalement ou économiquement - à aucune représentation ou aide si notre adoption s'avère être un échec (soit à cause de familles abusives, d'expulsion, de manque de citoyenneté, de falsification de papiers, et d'être relogé), ou si nous sommes perdus ou volés pour adoption internationale. Nous sommes laissés aux caprices de n'importe quel pays qui nous a accueillis, qu'ils soient miséricordieux ou non. Quel message est donné par le plus grand pays d'accueil du monde qui autorise activement l'expulsion des adoptés et les traite comme des citoyens « moins que ». Sans parler des pays de naissance qui reçoivent l'adopté expulsé ET continuent d'envoyer plus d'enfants après cela. La Haye et la CNUDE restent toutes deux des tigres édentés car il n'existe aucune entité ou processus pour enquêter sur les actions douteuses des signataires.

3. L'argent n'est toujours pas réglementé et est impliqué dans nos adoptions. Personnellement, je pense que la plupart des adoptions internationales telles qu'elles sont menées aujourd'hui ne peuvent pas être considérées comme éthiques tant que l'argent est toujours impliqué et non plafonné. Bien que l'argent soit le moteur de la plupart des arnaqueurs, agences ou avocats impliqués dans les deux pays, on ne peut garantir qu'un marché ne suivra pas. Il existe trop de preuves montrant que les familles de nos pays de naissance sont trompées ou contraintes d'abandonner, ou que le pays de naissance ne fournit pas d'aide sociale pour soutenir les mères célibataires/les familles en difficulté ou qui ont conçu un enfant handicapé.

Je ne pense pas non plus que l'adoption internationale « ayant des besoins spéciaux » soit plus éthique que les enfants ayant des besoins non spéciaux - parce que nous devrions encourager nos pays d'origine à développer les soutiens nécessaires pour aider les enfants moins capables à grandir dans leur propre pays. Ce n'est pas parce qu'on est né avec des « besoins supplémentaires » que c'est un ticket pour être « expédié » et dépouillé de ses droits d'origine et de famille. Le bien-être matériel n'est qu'un facteur dans la vie et les premiers mondes peuvent certainement offrir plus à un enfant ayant des besoins spéciaux que les pays moins développés. Vous ne savez pas pourquoi les premières économies mondiales adoptent toujours leurs enfants via l'adoption internationale alors ?! Mais pourquoi cette aide ne pourrait-elle pas prendre la forme d'un transport aérien de l'enfant et de la fourniture des services médicaux nécessaires sans avoir à « adopter » l'enfant. Garder l'enfant dans sa famille d'origine, l'assister pour ses besoins médicaux et particuliers ; aider leurs sociétés à comprendre que les besoins supplémentaires que les gens peuvent avoir autant à offrir à la société que n'importe quelle personne valide. Personnellement, j'ai moi-même un fils ayant des besoins spéciaux et je détesterais le considérer comme adopté à l'étranger simplement parce qu'il est né avec ce besoin supplémentaire parce que je n'avais pas les moyens ou les services pour le soutenir ou nous soutenir en tant que famille !

Je ne crois pas non plus que l'effacement immédiat de tous les types et formes d'adoption (nationale et internationale) soit la réponse. L'adoption simple telle qu'elle est pratiquée en France reste une forme d'adoption qui permet à un enfant de conserver son identité. De toute évidence, tous les pays du monde ont du mal à savoir quoi faire avec leurs enfants et leurs familles les plus vulnérables ! S'il y avait une réponse simple autre que l'adoption, le placement en famille d'accueil et les modèles de prise en charge alternative, les pays le feraient tous maintenant. On ne peut nier que certains enfants, devenus adultes, ont souhaité et sont heureux d'avoir une famille plus sûre et plus permanente pour les soutenir. Nous ne pouvons pas nier que certaines familles biologiques d'adoptés internationaux peuvent encore choisir l'adoption internationale même si elles sont confrontées à d'autres choix. Nous ne pouvons pas réparer du jour au lendemain les systèmes de croyances sous-jacents dans d'autres cultures qui créent la honte pour laquelle certains parents biologiques choisissent d'abandonner leurs enfants. Peut-être sommes-nous arrivés à cet état d'être à cause de l'éclatement des familles, des villages et des communautés. Notre société reste si fragmentée et isolée en tant qu'individus. Il y a peu de place pour les personnes qui luttent pour exister.

Je vise une discussion respectueuse de la part des parties prenantes dans toutes les arènes sur le sujet. Je vise surtout à nous aider à entendre les impacts réels de l'adoption des familles adoptives, des adoptés et des familles biologiques, en espérant que l'adoption actuelle telle qu'elle est pratiquée aujourd'hui pourra un jour être supprimée et remplacée par quelque chose de mieux. Peut-être devons-nous également changer le mot afin que les vieilles associations avec les pièges de l'adoption telle qu'elle a été pratiquée au niveau national et international soient supprimées ? Quelle que soit la réponse, elle doit être celle où les enfants ont d'abord et avant tout le droit d'être avec leur famille d'origine ; deuxièmement, si, pour des raisons complexes, un enfant doit être retiré de sa famille, nous donnons aux pays de naissance les moyens de développer autant de systèmes de protection et de soutien social que possible pour garder les enfants dans leur pays d'origine avec des parents ; et dans le pire des cas, si nous devons être adoptés dans un autre pays ou dans notre pays, que toute forme de nous donner à une autre famille qui n'est pas parente, nous permet de conserver notre identité de naissance si nous le souhaitons, et n'annule pas notre identités sans notre consentement.

Alors que les futures générations d'adoptés grandissent et s'expriment et que nous commençons à entendre les expériences de nos familles biologiques, ces contributions pourraient changer à nouveau notre façon de penser l'adoption internationale. En l'état, on ne peut ignorer les énormes pièges de l'adoption internationale. Fermer les yeux ne résoudra pas les problèmes. Proclamer haut et fort que toute adoption doit être éliminée ne résoudra pas non plus les problèmes complexes sous-jacents fondamentaux. Quelque part au milieu se trouve l'endroit où je cherche les réponses parce que je ne prétends pas avoir LA réponse à des problèmes aussi complexes.

Je crois que nous devons examiner de manière critique ce que nous avons fait au cours des 60 dernières années et plus d'adoption internationale moderne et au moins tirer les leçons offertes. C'est pourquoi j'ai choisi de nouer des relations et de travailler avec diverses organisations (gouvernementales et non gouvernementales) à travers le monde.

Donc, au cas où vous auriez des questions sur ma position personnelle ou sur ce qu'est l'ICAV À propos, n'hésitez pas à m'envoyer un message. J'aime être ouvert et transparent et je sais que certains veulent nuire au travail et à la réputation de l'ICAV, qui existe maintenant depuis près de 20 ans. Je reste fidèle à qui je suis et à ce que je fais. J'essaie d'améliorer les choses d'une manière ou d'une autre pour les autres adoptés internationaux déjà adoptés et je m'élève contre la façon dont l'adoption est actuellement pratiquée, afin d'éviter que les mêmes problèmes historiques ne se perpétuent pour les futurs enfants vulnérables qui ont besoin de soins.

Remarque : Je pense également que les adoptés et les groupes d'adoptés ont droit à leurs propres opinions. S'ils diffèrent des miens, je n'ai aucun problème avec cela. L'adoption est une expérience tellement personnelle et chacun a son propre parcours unique.

La citoyenneté devrait être garantie dans l'adoption internationale

L'adoption internationale est souvent décrite par les agences d'adoption en utilisant des mots comme « la famille pour toujours » pour attirer les couples qui souhaitent adopter, en supposant qu'un enfant dans le besoin est associé à une famille, comme s'il était né. On suppose que la place de l'enfant adopté dans cette famille devient permanente, non ?

Tort! L'adoption internationale n'équivaut PAS à la permanence. La réalité que nous voyons aujourd'hui va à l'encontre de tout ce que l'adoption est censée être.

Voici quelques images du site Web du département des États-Unis (US) (ils l'ont modifié quelque temps après cet article):

Si nous google la définition de l'adoption, Wikipédia nous dit:

Adoption est un processus par lequel une personne assume la responsabilité parentale d'une autre personne, généralement un enfant, du ou des parents biologiques ou légaux de cette personne et, ce faisant, transfère de façon permanente tous les droits et responsabilités, ainsi que la filiation, du ou des parents biologiques.

Contrairement à la tutelle ou à d'autres systèmes conçus pour la prise en charge des jeunes, l'adoption est destinée à effectuer un changement permanent de statut et en tant que tel nécessite une reconnaissance sociétale, soit par le biais d'une sanction légale ou religieuse.

La pratique actuelle aux États-Unis d'expulser activement les adultes adoptés à l'étranger vers leur pays d'origine parce qu'ils n'ont pas la garantie de la citoyenneté (c'est-à-dire la permanence), dépeint un message différent de la définition de l'adoption. Pourquoi devrions-nous prendre note de la façon dont les États-Unis traitent leurs adoptés internationaux ? Parce que les États-Unis sont le le plus grand pays d'accueil dans le monde pour l'adoption internationale.

Comment la citoyenneté ne peut-elle pas être automatiquement donnée? En quoi est-ce « éthique » ou « transparent » ? Pourquoi les adoptions internationales, datant des années 1950 au début des années 1980 aux États-Unis, ne sont-elles pas considérées comme suffisantes pour assurer la permanence de l'adopté en tant que citoyen dans son pays d'adoption ?

Voici notre plus récent Citoyenneté – Document de perspective de l'ICAV ce qui démontre le manque de justice et d'éthique dans l'adoption internationale pour l'enfant qui grandit pour devenir adulte.

La citoyenneté du pays d'adoption DEVRAIT être un droit automatique pour l'enfant adopté à l'étranger !

 

 

 

Universitaire adopté sur la CNUDE et l'adoption internationale

C'est formidable d'avoir des universitaires qui donnent leur avis dans le domaine de l'adoption internationale – en particulier des universitaires qui sont également adoptés à l'étranger.

Vérifiez dernier article de recherche soumis par Patrick Noordoven qui examine en profondeur la Convention des Nations Unies relative aux droits de l'enfant (CNUDE) et à l'adoption internationale (ACI).

Qu'est-ce que tu penses?

Vous pouvez en savoir plus sur d'autres universitaires adoptés à l'étranger.

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