Du symbolique à la justice sociale

par Marie Gardom, adopté de la Malaisie au Royaume-Uni.

Il est devenu de plus en plus clair pour moi que non seulement la diversité seule ne fonctionne pas, mais qu'en fait c'est une tactique utilisée pour immuniser les organisations contre l'accusation de racisme ou de marginalisation. Ici au Royaume-Uni, les politiciens conservateurs qui mènent les politiques les plus anti-immigration sont des gens de couleur. Ils ne représentent pas les groupes dont ils sont issus au lieu de cela, ils se blottissent au pouvoir en récitant les vieux tropes Tory fatigués, peut-être languissant d'appartenir au groupe dont ils ont toujours été en dehors, et le seront toujours parce qu'ils ont choisi un groupe intolérant. 

Nous voyons cela maintes et maintes fois, un seul groupe minoritaire est représenté et présenté comme un exemple de pourquoi il n'y a pas de racisme/ablisme/sexisme, etc. De manière pratique, ils font du prosélytisme la voix du statu quo avec passion et conviction enivrante. Lorsque le groupe dominant est accusé d'iniquité, il rejette un ou deux membres dudit groupe minoritaire afin de nier l'accusation et recommence à prendre des décisions au détriment des minorités.
Au fil des décennies, une prise de conscience et une demande croissantes de représentation ont conduit les organisations, Hollywood et les gouvernements à créer une illusion de diversité sans inclusion, sans aborder de manière significative la dynamique du pouvoir des groupes majoritaires et des hiérarchies sociales afin que le pouvoir reste fermement entre les mêmes mains. Nous sommes souvent représentés comme un groupe homogène s'il y a une personne de couleur, ou un homme blanc gay, une case peut avoir été cochée mais une représentation significative n'a pas été atteinte.

Je vois cela dans la façon dont nous, les adoptés, travaillons en tant que défenseurs. Il y a une prise de conscience dans la société mais un manque de confort avec l'idée que les adoptés sont les experts. En tant que tel, il y a une performance d'inclusion, les adoptés sont souvent à l'avant-garde des campagnes de promotion d'adoption s'ils épousent à quel point c'est beau. Même s'ils parlent de la complexité de nos expériences, ils restent des voix réconfortantes pour ceux qui considèrent l'adoption comme une bonne chose et la seule façon de résoudre une crise familiale dans laquelle un enfant a besoin de soutien.

J'ai remarqué que je suis rarement invité à donner mon avis sur la politique ou les meilleures pratiques au sein d'organisations qui pourraient la réformer. Et quand je le suis, le confort du groupe majoritaire a été considérablement favorisé. La représentation ne nous donne pas le pouvoir si nous sommes en infériorité numérique, sur le territoire de quelqu'un d'autre et tout en bas de la hiérarchie. Je crois que c'est en grande partie inconscient, mais toujours exploité. Ceux qui sont majoritaires doivent rarement considérer les facteurs qui créent l'équité du pouvoir ou plus régulièrement l'iniquité.  

Les adoptés sont très peu représentés dans le monde. Rien qu'au Royaume-Uni, il n'y a pas un seul groupe dirigé par des adoptés, qui couvre le large éventail d'expériences des adoptés ici. Au lieu de cela, nous sommes des groupes d'entraide disparates non financés essayant de nous aider les uns les autres et nous-mêmes comme nous le pouvons. J'ai observé les manières fréquentes dont de nombreux adoptés s'épuisent en plaidant. Ayant été invités à des conférences et à des événements politiques, beaucoup ont disparu en raison de la nature traumatisante de ces événements. Ils sont traumatisants parce qu'en tant que minorité, nos voix sont ignorées, niées, discutées et souvent agressivement réduites au silence. Ce groupe est en grande partie présent à ces tables parce que nous sommes si vulnérables et que nous avons donc besoin de changement, notre communauté a des niveaux élevés de suicide, de dépression, de toxicomanie et plus encore. 

Si je veux continuer mon travail de défenseur, je dois me préparer, ainsi que mes compagnons d'adoption, à réussir dans ces espaces où nous pouvons nous retrouver à endurer des niveaux de stress dangereux. Je pense donc qu'il est important de nommer la dynamique de pouvoir en jeu afin que nous puissions nous assurer que nous pouvons résoudre ces problèmes dans la façon dont nous établissons nos frontières et avoir le langage pour nommer les problèmes lorsqu'ils surviennent. J'ai donc créé une infographie simple qui nomme la dynamique du pouvoir et propose des solutions pour ceux qui s'intéressent vraiment à la justice sociale.

Voir l'autre article récent de Marie dans ICAV : De la charité à la justice

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